L’enseignement à distance: entre opportunités et contraintes

La crise sanitaire et le confinement ont bouleversé les pratiques d’enseignement. Professeur d’allemand en collège, j’ai dû m’adapter pour proposer des activités pertinentes à distance et maintenir le lien avec et entre mes élèves.

Une situation d’apprentissage bouleversée

Avec mes 3è, je débutais un projet interdisciplinaire sur les arts en lien avec le professeur d’allemand du collège partenaire à Madagascar. Le confinement m’a amenée à modifier la séquence pour ne pas que les élèves décrochent. La disparition des repères habituels (espace classe, professeur, camarades) devait être compensée.

J’ai sélectionné plusieurs outils pour recréer une bulle d’apprentissage efficace. Les classes virtuelles, Moodle et Thinglink me semblaient les plus pertinents et ont répondu aux besoins suivants:

maintien du lien pédagogique
ouverture d’une discussion de groupe
organisation de cours et permanences en ligne
parcours pédagogiques aménagés

Des apprentissages préservés…

Les outils sélectionnés préservent l’intérêt pédagogique et permettent d’atteindre les objectifs. Grâce à Moodle, j’ai posté les supports de travail: consignes, documents écrits (textes sur les courants artistiques, biographies d’artistes…), documents audio et vidéo dans la langue cible. Les élèves ont pu les explorer: ils ont répondu à des questionnaires H5P, réalisé un glossaire collaboratif en ligne sur les courants artistiques et le champ lexical des arts.

Les élèves ont pu rester acteurs et maintenir le lien avec Madagascar. Ils ont créé un musée interactif avec Thinglink: ils ont choisi des oeuvres d’arts( tableaux, sculptures…) et les ont enrichies: ils ont annoté l’oeuvre choisie. Ils ont intégré une biographie audio de l’artiste, et inséré des médias complémentaires permettant de réinvestir les acquis linguistiques (description, impressions). Ils ont complété leur travail en ajoutant une reproduction 2020 de la même oeuvre et sa description. Madagascar a travaillé sur le même principe et les productions ont ensuite été partagées. Elles ont permis d’enrichir la première version du glossaire collaboratif. Le numérique est ici une véritable plus-value. Les activités classiques sont transformées. Thinglink permet de l’interactivité et crée une nouvelle dimension poïétique: les élèves développent de nouvelles pratiques de production. Les outils ont donc été adaptés et efficaces.

… mais limités!

Si ces outils intéressent les élèves, il ne doit pas y avoir de « solutionnisme technique » (Mozorov). Le numérique ne compense pas tout! Les recherches en ligne ont dû être encadrées pour lutter contre l’infobésité. Les compétences innées des digital natives sont un mythe: elles s’acquièrent et font l’objet d’apprentissages à part entière. La fracture numérique est visible: tous les élèves n’avaient pas le matériel nécessaire, ni sa maîtrise. Certains n’ont pas réussi à utiliser Thinglink. Cela a demandé des efforts supplémentaires: adaptabilité et disponibilité de l’enseignant, suivi en ligne (messages et permanences virtuelles), rédaction de tutoriels, proposition de solutions alternatives pour ne pas exclure ces élèves. Il fallait veiller à ne pas creuser les inégalités déjà renforcées par le confinement et à respecter le RGPD.

Le numérique suscite un intérêt mais n’est pas vecteur de motivation ni de réussite. Si les élèves se sont investis et ont atteint les objectifs pédagogiques, la séquence a nécessité un fort investissement et de l’adaptabilité pour faire évoluer leurs compétences et savoir-faire. Plus que le numérique, ce sont les scénarios proposés qui vont motiver et faire progresser les élèves.

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